La modernité industrielle a de facto conduit l’humanité à se confronter à de nouveaux risques. À cela s’accompagnent des modifications profondes dans les rapports que les sociétés occidentales entretiennent avec le domaine des désastres et des catastrophes. Le divorce entre humanité et nature est un passage fondamental pour comprendre le monde dans lequel nous vivons. Cette séparation a commencé à prendre corps au XVIIIème siècle, peu avant la diffusion du capitalisme industriel. Parmi les événements déclencheurs, le tremblement de terre de Lisbonne de 1755 constitue un moment décisif, non tant à cause de ses dégâts matériels, mais surtout en raison de son impact sur la culture européenne des Lumières.
Alfonso Pinto est chercheur en géographie et études culturelles à l’Ecole Urbaine de Lyon. Ses recherches concernent les esthétiques, les expériences et les imaginaires des mondes urbains Anthropocène avec une attention particulière aux domaines des catastrophes, des désastres et des territoires contaminés. Il dirige le projet multimédial et interdisciplinaire Sicile Toxique concernant la notion de sacrifice environnemental dans le pôle pétrochimique de Syracuse (Italie) qui comprend entre autres la réalisation d’un documentaire coréalisé avec François Xavier Destors.