Patrick Thollot – Anthropocène et habitabilité à travers le prisme de la planétologie

Surtout depuis la « Grande Accélération » du milieu du XXe siècle, les activités humaines engendrent des impacts comparables ou supérieurs aux phénomènes naturels, interrogeant le statut de l’Humanité comme force géologique. C’est un paradoxe car, par delà leur difficile appréhension par un sujet humain, ces phénomènes ont connu, sur les 4,5 milliards d’années d’histoire de la Terre, des variations de nature, d’amplitude et de vitesse engendrant des modifications de l’environnement terrestre jamais connues par l’humanité. Bien avant l’évolution de l’espèce humaine, la vie, dès les premières cellules apparues dans les océans et bien plus tard avec la conquête des terres émergées, en a été un acteur majeur. Nous commencerons ainsi par voir comment le temps long géologique éclaire en partie les impacts passés et à venir de l’humanité sur la planète.

Cette approche permettra en parallèle de faire émerger la notion d’habitabilité, à l’échelle de la planète, vis à vis de l’humanité d’une part, et de la vie dans sa diversité d’autre part. Nous prendrons alors du recul : si la Terre est habitable, n’y aurait-il pas un ailleurs qui le serait ?

Nous commencerons par chercher cet ailleurs sur les autres planètes du système solaire, profitant — ironie mise à part — de l’exploration robotisée de l’espace, justement synchrone de l’entrée dans un « Anthropocène ». Cette exploration, riche d’enseignements, aboutira cependant à un résultat clair : il n’y a pas de « Terre de rechange » autour de notre Soleil. Nous irons alors plus loin, interrogeant l’habitabilité potentielle d’autres systèmes stellaires, avec les résultats de siècles d’astronomie, d’un quart de siècle d’étude des planètes extra-solaires, en passant par quelques tentatives d’écoute d’une éventuelle intelligence extra-terrestre. Ce bref aperçu terminé, on pourra questionner la·l’im·possibilité d’un ailleurs pour l’humanité, et pour la vie terrestre, en tentant de faire la part des choses entre fantasme science-fictionnel et prospective raisonnable à court, moyen et long terme.

Patrick Thollot est professeur agrégé de sciences de la Terre et de l’Univers à l’école normale supérieure de Lyon. Passioné par l’astronomie et l’exploration spatiale, il a d’abord été chercheur en planétologie, étudiant la surface de la planète Mars et participant notamment au choix du site d’atterrissage du futur rover européen. Il enseigne maintenant la géologie auprès des étudiants de l’ENS de Lyon en particulier à la préparation à l’agrégation de SVT et participe également à la formation continue des enseignants du secondaire dans l’académie de Lyon, et à la médiation scientifique auprès du grand public. Avec un regard de géologue et de planétologue, il s’intéresse aux problématiques liées à l’anthropocène au prisme des très grandes échelles de temps et d’espace.

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