Des nombreuses descriptions des diverses crises d’habitabilité de la planète ont été faites et acceptées par les communautés scientifiques internationales, sans que cela change la marchandisation de la vie, les extractivismes et les manières de mener les politiques publiques. Est-ce qu’il reste quelque chose à faire ? à dire ? à réfléchir ? Est-ce que nous pouvons continuer à croire que des connaissances suffisent pour changer nos conduites, nos décisions ? Qu’est-ce qui a suffisamment valeur pour nous, en tant qu’humains, pour faire face aux urgences planétaires ?
Philosophiquement, en particulier depuis un regard éthique, comprendre notre temps comme l’heure de l’anthropocène implique d’accepter la fin abrupte des notions téléologiques modernes : « progrès », « développement » ou encore « civilisation ». De plus, penser l’anthropocène depuis le sud, implique de ne pas pouvoir séparer les colonialités –notamment la colonialité de l’être et son racisme– du surgissement du système capitaliste et ses exploitations qui sont au cœur des multiples crises. Une réflexion sur-enanthropocène implique de questionner les pierres fondatrices de la modernité : ses imaginaires.
Dans ce cours il est proposé de penser l’anthropocène depuis une perspective morale, c’est-à-dire, nous demander comment nos décisions sont modelées et prises ? selon quelles échelles de valeur nous décidons ce qui compte et ce qui sera interprété comme secondaire, contextuel ou accessoire ? est-ce que la conduite humaine est susceptible d’être contrôlée par des principes hétéronomes ? est-ce que cela est désirable, voire moral ? est-ce qu’une éthique formelle peut-elle faire face aux urgences de l’anthropocène ?
À partir une lecture des crises dès éthiques du care nous allons découvrir et analyser des alternatives pratiquées dans le sud global pour débattre les imaginaires auxquels nous nous référons pour sentir-et-penser les crises, et pour en proposer des alternatives.
La question élémentaire posée par l’anthropocène reste, et sera le fil conducteur : quel type d’humain voulons-nous performer ? Est-ce que cette question permet le pluriel ?
María Grace Salamanca est actrice théâtrale et docteure en philosophie, dans le cadre d’une codirection entre l’Université de Lyon et le programme de recherche Acteurs Sociaux de la Flore Médicinale au Mexique partie de l’Institut National d’Anthropologie et Histoire (INAH). Elle est spécialiste en Épistémologies du Sud. Praticienne des esthétiques décoloniales dans leur forme théâtrale. Membre des comités d’éthique clinique et de la recherche (au Mexique). Qualifiée en tant que maîtresse de conférences en éthique, bioéthique et épistémologie.