Le café qui réveille la filière

Êtes-vous actuellement, la tasse à la main, à déguster à petites lampées, un bon expresso, en écoutant votre radio préférée ?

Le rituel du café : convivialité, répit consentit à la promesse d’un regain d’énergie en quelques gorgées. Un temps suave, plaisir non coupable, accessible et que l’on peut facilement partager, il s’inscrit dans la gestuelle quotidienne de 87% de français. Combien de tasses de café servis chaque matin dans les bistrots, les gares, dans les bols du petit déjeuner…?

Accessible mais peut-être plus autant qu’avant… En 2025, le prix du café vert explose de 100%. Que se passe-t-il donc de l’autre côté de la tasse ? Le café est la deuxième denrée échangée au niveau mondial, après le pétrole. Coté en bourse, c’est une valeur marchande sur laquelle on spécule. La commercialisation du café est née du modèle colonial et de son attitude opportuniste. Il en résulte toujours aujourd’hui, une injuste répartition des richesses et un mépris assumé par l’agro-industrie pour le travail de la terre. 125 millions de paysans et paysannes à travers 50 pays survivent de cette agriculture. Elles sont soumises aux marchés de manière quasiment absolue alors que la demande augmente et que la production diminue, impactée par les aléas climatique et l’épuisement des sols. Et si la filière du café pouvait s’extraire des marchés financiers et transformer les rapports de domination en une négociation juste, à savoir : celle qui profite à chaque partie ?

Peut-on transformer notre conception des échanges internationaux pour gagner en équité ? Peut-on faire perdre au café son goût historiquement amer pour l’amener vers des rivages plus acidulés, plus diversifiés et plus justes ? C’est le grand défi que gagne depuis sept ans la Label(le) Brûlerie. Implantée à Villeurbanne, c’est de son atelier que sort un café de spécialité, bio et équitable, à destination des professionnels. J’accueille Emilie Carlin de Label(le) Brûlerie, torréfactrice et barista.

 « 95% du marché mondial du café est porté par le marché mondial de commodité, un marché où le prix du café est régi par un système boursier, la loi de l’offre et de la demande. Le prix de l’arabica est fixé sur la bourse du New York, et celui du robusta sur la bourse de Londres. »

« L’ADN du projet c’est le lien avec la matière que l’on torréfie tous les jours. Mais faire de l’import direct, ce n’est pas facile. »

« On s’engage aujourd’hui sur des volumes de commande sans savoir le prix que l’on va payer dans quelques mois. Cela sécurise les producteur.ices d’avoir des volumes de commande, et le prix est fixé plus tard en connaissance de la récolte et du prix du marché. »

« Le prix qu’on a pu payer pour le café n’était pas juste. Il faut aujourd’hui démontrer, prouver, expliquer, accompagner les consommateur.ices à réaliser que le prix qu’on a payé jusqu’à maintenant n’était pas le bon prix. »

« Le café de spécialité -au-delà de la traçabilité, de la rémunération juste- c’est un terroir. Un café, c’est un terroir. Une de nos missions en torréfaction, c’est de révéler ce terroir. »

« On se lève le matin pour faire un café de qualité, mais aussi un café plus juste pour demain. »

Références

Le dessous des cartes – Arte
https://www.arte.tv/fr/videos/091146-023-A/le-dessous-des-cartes/

Sans oser le demander – France Culture 
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/sans-oser-le-demander/le-cafe-est-il-un-produit-comme-les-autres-9343060

La café Français, une histoire coloniale
https://www.la-croix.com/Actualite/France/Le-cafe-francais-une-histoire-coloniale-2015-07-12-1333838

Journal de l’éco – France Culture
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-journal-de-l-eco/cafe-la-flambee-des-prix-2527643

Roasters United 
https://www.roastersunited.com/

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