La transition socio-écologique des villes françaises fait une place croissante à des animaux qui en avaient été chassés. Des chèvres et moutons sont, par exemple, employés pour de l’éco-pâturage, des poules deviennent « composteuses » pour aider à la gestion des déchets et des chevaux font leur retour pour tirer des calèches scolaires ou des bennes de ramassage des ordures. Mais le retour de ces animaux de rente ne se fait pas sans susciter des interrogations à la fois sur les relations entre citadins et animaux et sur leur place dans les politiques publiques.
Sur la fin de sa thèse portant sur la place des poules et des chevaux en ville, notamment pour des missions de service public, Clara Lyonnais-Voutaz s’interroge sur ce que les animaux peuvent faire sur le bien être en ville.
Ses recherches montrent que ces animaux jouissent d’une image plutôt désirable, bien qu’ils soient assimilés à des animaux de ferme. Cela rend compliqué aux citadins de les imaginer en ville.
Alors qu’entre 130 et 200 collectivités françaises utilisent les chevaux pour des missions de service public, ces animaux sont perçus comme beaucoup moins à leur place en ville que d’autres vivants tels que les arbres.
“L’animal est plus souvent perçu comme un vivant face auquel les habitants ont des responsabilités. L’animal serait alors plus vivant que le végétal.”
Au fond, ce sujet évoque avant tout la question de la modernité. Peut-on parler de modernité face à des discours qui dénoncent un certain archaïsme ?
“Certains acteurs expliquent à l’inverse que la présence des animaux est une nouvelle modernité dans le cadre d’une ville nouvelle, plus vivante.”
Ces discours de la modernité urbaine tendent à valoriser une ville lente, plus agréable à vivre.
“S’opposent un rythme de la vie urbaine, de déplacements rapides, et un rythme de la nature, du pas du cheval, où les déplacements prennent un temps plus long, qui peut être valorisé.”
Une émission Radio Anthropocène présentée par Eloïse Bellet. Elle reçoit Clara Lyonnais-Voutaz, doctorante en géographie et attachée temporaire d’enseignement et de recherche à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour. Les deux sont membres du Laboratoire UMR 5600 – Environnement, Ville, Société.


